En Guinée, la plupart des familles ont leurs fils ou filles soit en Europe ou en Amérique. Ces derniers appelés le plus souvent la diaspora sont des contributeurs non négligeables au revenus des différents foyers. Ils soulagent leurs familles et améliorent le quotidien de celles-ci par les petits fonds qu’ils transfèrent au besoins.
Avoir un fils ou une fille en occident, est une bénédiction pour de nombreuses familles. Les dépenses allant des frais de scolarité, des soins sanitaires, des dépenses quotidiennes sont pris en charge par les fils partis en occident. C’est le cas de cette mère de famille, Madame BAH née Fatoumata DIALLO qui réside à Bissikrima, dans la préfecture de Dabola. Tous les jours, elle formule des bénédictions pour ses enfants partis en Europe, qui lui couvrent d’attention.
« C’est un sentiment de joie d’être pris en charge par ses enfants au moment où on n’est plus assez fort pour subvenir à ses besoins. Une fierté également d’avoir des objets de valeur en provenance de l’occident qui est l’œuvre de nos enfants. Je peux dire presque toutes mes dépenses sont prises en charge par mon garçon et sa sœur qu’il a envoyé d’une manière légale pour des études. Aujourd’hui ils vivent tous en France. Je dirai grand merci au Seigneur car c’est une bénédiction », se réjouit dame Fatoumata DIALLO.
Un sentiment bien partagé par Topka MONEMOU, enseignant à la retraite qui vit aujourd’hui grâce à ses deux filles parties légalement en Allemagne. Dans la préfecture de Coyah, précisément dans la sous-préfecture de Manéah, la contribution de la diaspora a fortement aidé les différentes familles tant sur le plan économique, éducatif, social mais aussi et surtout dans la réalisation des grands projets.
« Je suis très ravi de l’apport de mes filles qui vivent en Allemagne où chacune a rejoint son époux après des procédures légales. Elles nous soutiennent financièrement et matériellement et cela à la fin de chaque mois. Nous utilisons ces montants dans les dépenses quotidiennes, la couverture médicale, les frais d’études des enfants, les affaires sociales, la réalisation de leurs projets spécifiquement achat et construction de terrains ainsi que l’organisation des sacrifices », a déclaré Monsieur Topka MONEMOU, enseignant à la retraite.
Soulagement aussi pour Konaté Mamadi, commerçant qui vit le bonheur, grâce à son fils parti au Canada, grâce à une bourse d’étude.
« Grâce à une bourse d’étude, mon neveu réside au Canada. Il m’envoie de l’argent que j’utilise pour la prise en charge médicale et des études de ses frères et sœurs. Grâce à lui nous avons un beau bâtiment avec un forage et une voiture que j’utilise pour mes déplacements », indique le quinquagénaire.
Ce n’est pourtant pas sans difficultés, que ces jeunes de la diaspora vivent à l’étranger. Pour certains, partis dans des contrées lointaines comme DIOP Ansoumane, la vie n’a pas été une partie de plaisir. Aujourd’hui agent commercial à Flipcart New Delhi (Inde), il est parti légalement dans le cadre de ses études de Master en Business Administration.
Pour un étudiant francophone comme lui, son intégration dans la société indienne a été très difficile tant sur le plan culturel, social, économique. Le jeune homme a dû bataillé dur.
« Car, c’est un peuple qui parle l’Hindi partout même dans l’administration. Mais grâce à ma petite maîtrise de l’Anglais je me suis finalement intégré avant d’apprendre de facto l’Hindi pour mon intégration totale », raconte le jeune homme.
Aujourd’hui, plusieurs membres de sa famille, dépendent de lui.
Parfois, ces étudiants étrangers bien que partis en toute légalité, font face à d’autres stéréotypes d’ordre raciales. Ce fut le cas de Hannatou SOW, étudiante en BTS en analyse de Biologie médicale en France.
« Mon intégration à l’école a été très rude parce que les adolescents sont très embêtant, ils me traitaient de salle nègre. J’ai aussi eu droit à quelques remarques sur ma façon de parler et à quelques moqueries sur mon accent », se souvient la jeune dame.
Avant d’ajouter : « La vie d’ici est très dure surtout pour les étudiants immigrés car ils sont obligés de travailler même pendant l’année scolaire pour pouvoir survivre. Il n’est pas évident de trouver un emploi très rentable aussi », dit-elle.
Mais malgré toutes ces difficultés, ces membres de la diaspora trouvent les moyens d’envoyer de l’argent, de quoi soulager leurs familles qui parfois dépendent entièrement de cette aide.
Madame Sow conclu en donnant des conseils sages aux parents et aux étudiants immigrés de participer au développement de la Guinée.
« Mes frères immigrés, cherchez à finir vos études, faites-en sorte d’avoir un bon statut administratif et retournez au pays car nous avons notre part de responsabilité dans le développement de notre pays. Nous sommes l’espoir de la jeunesse guinéenne ne l’oubliez surtout pas. Nos parents aussi doivent avoir pitié de leurs enfants immigrés en bien gérant les fonds qu’ils expatrient dans le pays car cet argent est durement gagné », conclut notre interlocutrice.
Fatoumata Binta BAH
Last modified: 5 septembre 2021