Le diplomate doit s’assurer qu’il a les aptitudes professionnelles et linguistiques nécessaires pour communiquer avec son environnement. Communiquer est vital, échanger est important, et la langue est le premier vecteur de la communication. Pour ce faire, le diplomate doit comprendre la langue du pays d’accueil afin de pouvoir collecter les informations, défendre les intérêts et attirer les investissements vers son pays de manière indépendante et efficace.
C’est pourquoi, les pays avertis en diplomatie se positionnent et impriment leur marque sur l’échiquier mondial à travers une bonne diplomatie culturelle et économique. En clair, la langue porte la culture de l’autre, elle est aussi bien nécessaire pour la communication stratégique, la recherche d’informations opérationnelles et les négociations pour le diplomate.
Aujourd’hui, le monde change, la diplomatie évolue. À l’ère actuelle, la diplomatie repose sur la compréhension d’enjeux et de l’environnement d’ailleurs aussi l’espionnage, nos diplomates devraient s’inspirer du management des entreprises, la meilleure chance est donnée pour mieux vendre ses offres en termes de service et produit par la maîtrise de la langue du client, est-ce le cas des diplomates guinéens dans les pays arabes ? Pourtant, « la langue est un fait social, c’est ce qui nous lie à l’autre » selon P. Wald (2012).
A cet égard, selon les spécialistes, les relations diplomatiques de la Guinée avec le monde arabe peuvent être analysées à trois dimensions :
i. La dimension panafricaniste : qui avait pour source le groupe de Monrovia (Guinée, Algérie, Maroc et Libye) avait servi de base à la création de l’OUA dans les années soixante.
ii. La dimension religieuse : qui s’est manifestée au plus haut niveau sous le premier régime qui a établi et entretenu de relations privilégiées avec le monde musulman. De nombreuses visites d’Etat effectuées par le président Ahmed Sékou TOURÉ dans les pays arabes en font foi. Plus loin, ce dernier avait reçu le grade de docteur honoris causa de la plus grande université islamique du monde arabe (Al-Azhar d’Égypte) pour son rôle remarquable dans l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Ainsi les organisations islamiques comme Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO), et la Banque Islamique de développement etc.
iii. Dimension tiers-mondiste ou sud-sud, c’est le Groupe des 77 + la Chine ou le Mouvement des Non-alignés (MNA).
D’autre côté, il faut rappeler que nous avons huit (08) représentations diplomatiques dans les pays arabes, et de nombreux partenariats avec les autres pays arabes et musulmans.
Force est d’affirmer que la langue du pays d’accueil dans la diplomatie est une nécessité et atouts, c’est-à-dire la nécessité du bilinguisme comme outil de travail et communication incontournable. Les diplomates guinéens dans les pays arabes sont en majorité pour ne pas dire tous sont des cadres francophones qui ne parlent pas la langue arabe et qui ne maîtrisent pas forcément la culture arabe. Cette ignorance impacte négativement leur performance en réalité. En confirmant cette évidence, Ladouceur (2008), dit : « la capacité de fonctionner dans la langue favorise les affaires à l’échelle mondiale et comporte des avantages indiscutables. Sur la scène internationale ».
En plus, un ambassadeur doit être armé sur le plan linguistique, culturel et social. En résumé, maîtriser son pays d’hôte sur tous les plans.
Par ailleurs, pour booster la politique étrangère de la Guinée dans le monde arabe, il faut renverser cette tendance et rendre les rôles des cadres arabophones primordiaux dans la diplomatie guinéenne aux pays arabes. Cela, doit être priorisé par les nouvelles autorisés afin de multiplier les coopérations bilatérales / multilatérales, dans plusieurs domaines, (économique, formation, défense et culture, etc.) à l’ère de la mondialisation avec le monde arabe et en tenant compte particulièrement de la monté des nouvelles puissances économiques dont certains pays islamique et arabes.
Nous sollicitons auprès des nouvelles autorités que nos diplomates dans ces pays arabes soient des diplomates arabophones pétris d’esprit d’analyse et de synthèse, armés de la connaissance de ces pays arabes. Car le diplomate doit faire preuve d’une excellente capacité de communication. Celui-ci doit être une personne éminemment réaliste bilingue, capable de prendre des responsabilités et de travailler en équipe dans un environnement et enjeux qu’il maîtrise fondamentalement.
Toutefois, il est temps de permettre à ces filles et fils de parcours universitaire en langue arabe qui sont des cadres chevronnés dans nombreux domaines au-delà de l’étude islamique de participer activement au sein de nos représentations diplomatiques pour redorer et renforcer notre politique étrangère pour attirer les investissements publics privés du monde arabe dans le cadre de développement de notre patrie.
Il sied, que nous pouvons désormais profiter de nos relations historiques privilégiées avec le monde arabe afin de consolider et renforcer notre coopération sur l’axe économique. Attirer les fonds de ces pays arabes amis pour construire notre pays et dans les domaines.
En somme, le diplomate doit s’occuper principalement à des activités de représentation, de négoce et de rédaction des rapports des actions de coopération bi et multilatérale, de politique générale et de diffusion de la culture dans son pays d’affectation suivant la feuille de route arrêtée par son pays d’origine mais comment en faire sans connaissance de ce pays ! Les cadres arabophones guinéens diplômés des meilleures universités arabes dans tous les domaines ne sont-ils pas une chance pour la diplomatie guinéenne dans le monde arabe ?
MANSARE Ibrahim
– Consultant en la Finance Islamique
– Porte-parole de l’Union des Ecoles Franco-Arabes de Guinée
Courriel : ibramansaren@gmail.com
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Last modified: 18 février 2022