L’ennemi s’appelle désormais le CNRD. C’était Alpha Condé, il y a moins d’un an.
Quand on leur ouvrait les frontières du pays ainsi que les portes de la maison centrale de Coronthie, le lendemain du coup d’État du 05 septembre, les activistes du FNDC et leurs soutiens, ne pouvaient imaginer revivre cette époque toute particulière, dont ils se souvenaient à peine, des mois seulement après l’euphorie d’une liberté recouvrée.
Eux qui rêvaient d’une gestion concertée du pays, à la limite d’un partage du pouvoir, semblent tombés de leurs rêvasseries.
Les nouvelles autorités, révèleront très vite leur phobie des acteurs qui animent le landernau politique. Des acteurs qui étaient convaincus, de par leur combat contre la manipulation de la constitution pour des fins électoralistes, d’être ceux qui ont favorisé le changement brutal de régime.
Au fil du temps, le mur de méfiance s’est renforcé. Le désamour s’est installé. La rupture est totale. On décide alors de se faire entendre. C’est le même mode opératoire. La rue s’impose comme étant l’ultime alternative malgré les conséquences d’une éventuelle répression sanglante, qui pourraient augmenter les ennuis d’un peuple qui a longtemps souffert le martyr.
Le 23 juin 2022 devrait marquer le début du rapport de force tant redouté.
Le FNDC a en effet décidé, ce jour de battre le pavé pour protester contre l’absence d’un cadre de dialogue sérieux et permanent, qui maintiendrait indéfiniment la transition dans un tuyau. L’occasion pour les partis politiques, notamment ceux qui soupçonnent la junte de manœuvres visant à disqualifier leurs leaders potentiellement présidentiables à leurs yeux, du jeu politique, ont saisi la balle au bond.
Ils se joignent à l’initiative, espérant bien évidemment que la réussite de celle-ci, pourrait amener le procureur de la CRIEF, à renoncer à toute poursuite contre leurs leaders, après s’être rendu à l’évidence de la réalité d’un rapport de force qui aura redéfini les relations difficiles entre le pouvoir et ses partenaires sociopolitiques.
Cependant, le FNDC et ses soutiens sont loin de jubiler. Le mouvement devrait faire face au défi de la démobilisation, du désistement.
Le pari s’annonce alors difficile. Le RPG Arc-en-ciel et ses alliés, encore fidèles à leur champion, jurent de faire échec à l’initiative du front anti-troisième mandat.
Curieusement, ils vont même câliner les militaires qui seront présentés comme des partenaires à ne plus critiquer.
« Le CNRD n’est pas notre ennemi », a laissé entendre le secrétaire Général du parti, lors de l’assemblée générale hebdomadaire de ladite formation politique.
De toute évidence, c’est l’heure de la vengeance qui a sonné pour l’ancien parti au pouvoir qui accuse les acteurs du FNDC, d’œuvrer pour la déchéance de leurs responsables.
Par le jeu des intérêts, la même configuration se met en place contre le CNRD, celle qui s’est battue contre le changement de la constitution. Cela, incontestablement, est un avantage pour les militaires qui ne veulent apparemment faire aucune concession.
Au contraire, qui veulent avoir tout le monde sous leurs bottes pour disposer de chacun à leur guise.
Le FNDC en est bien conscient. Il n’a plus assez de temps pour peaufiner sa stratégie afin de rallier à sa cause, ces nombreux frustrés de la gouvernance, qui en ont cure d’une quelconque consigne politique.
Pendant ce temps, il doit prier l’Éternel pour ne pas que le ciel déverse ses larmes dans un crachin hivernal pouvant tout gâcher.
Mognouma
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Last modified: 20 juin 2022