On ne pouvait pas parier que le ballon de la fête du football continental circule sur les gazons synthétiques (question de « mode » !) quelque part en Afrique de l’Ouest, sur l’un des rares terrains d’une « Rivière » dont le souvenir ne dit plus grand-chose aux plus jeunes d’entre nous.
On ne pouvait pas non plus mettre un sou sur le fait que les belles promesses d’un As du noble art prennent forme, comme par une opération du Saint Esprit.
On ne pouvait surtout pas miser un bouton de chemise sur l’optimisme bluffant de tous ceux-là qui, toutes veines dehors, affichaient leur croyance dans notre légendaire capacité d’organisation, pardon d’improvisation, celle-là même qui nous a maintenus en mode survie, même quand une Révolution broyait nos ambitions les plus osées.
A force de promettre tout et n’importe quoi, on s’est emmêlé les pinceaux, les couacs se succédant aux couacs, à un rythme inquiétant, ce qui ne permet guère de garder fermement le gouvernail d’un navire qui tangue, au milieu d’un tourbillon de menaces.
Parce qu’on s’est s’éloigné des sentiers les plus sûrs d’une transition classique et des codes incontournables d’une gouvernance maîtrisée, on a fini par comprendre – même si on ne veut pas le reconnaître publiquement – qu’il y a un océan entre les résolutions tirées de discussions de café et la réalité d’un Etat à la peine, où tout est urgence.
Le problème, c’est que ceux qui intellectualisent les vraies fausses solutions sont tellement emportés par leur danse du ventre – pour arracher sourires et hochements de tête approbateurs à celui qui les a fait « rois » -, qu’ils se sont égarés en chemin. Même un simple « dialogue » revêt de nos jours un sens ésotérique !
Ce qui frappe dans cette tragi-comédie, c’est le peu de cas qu’on fait d’une réalité qui devient de plus en plus pesante pour les sans-dents qui n’ont ni compte bancaire, ni parents hauts perchés, et dont l’unique « alternative » est de s’accrocher aux lambeaux du boubou rafistolé du Bon Dieu himself ou, pour les plus désespérés d’entre nous, aux… joueurs de cauris.
Il faut parfois du temps pour comprendre qu’on s’est égaré en chemin. Certains, les plus futés, reviennent sur leur pas dès qu’ils s’en rendent compte. D’autres, se croyant inspirés par une lumière divine, vont poursuivre leur galère jusqu’au pied du mur. Les « génies », eux, forts de leurs certitudes éparses glanées ça et là, dans des causeries de rue de « haute volée », s’entêtent à vouloir faire tomber le mur qui les séparent de… la fosse aux lions.
Evidemment, on trouvera toujours quelqu’un pour dire que tout est normal et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. C’est une façon de voir les choses.
La liberté d’expression autorise toute les envolées lyriques, toutes les aventures, toutes les pantalonnades, voire toutes les expériences, même les moins éprouvées. On en oublie presque parfois que le chemin le plus simple est celui qu’on ignore, par orgueil ou par vanité. Parce qu’on ne le sait que trop, on ne réinvente pas la roue…
Khouridi Khonè
L’article LA SATIRE DU MOIS- Silence, on réinvente la roue… est apparu en premier sur Mediaguinee.org.
Last modified: 8 octobre 2022