Certainement que le peuple de Guinée lui restera reconnaissant d’avoir eu le courage politique, 13 longues années après les odieux massacres et viols perpétrés ce 28 septembre 2009 au stade du même nom contre des populations civiles voulant simplement exercer leur droit constitutionnel celui de manifestations pacifistes contre les abus du pouvoir en place, de faire situer les responsabilités.
En dépit des multiples risques que les adeptes de l’impunité annonçaient sur la paix sociale avec la tenue de l’un des procès du siècle, le Président du CNRD a tenu à respecter ses engagements.
Ce procès portant sur des crimes abominables intolérables est fondamentalement celui du régime du CNDD et son gouvernement, celui d’un obscur pouvoir militaire qui, quelques mois auparavant, avait profité du décès du Président de la République de l’époque, feu général Lansana Conté pour faire mains basses, confisquer le pouvoir légal et légitime en Guinée.
Ce coup de force, hélas, après avoir dissout la constitution et toutes les institutions démocratiques existantes, porta au pouvoir le bouillant Capitaine Moussa Dadis Camara et forma un gouvernement qui lui obéissait à l’œil et aux doigts. Le chef de la junte a eu la singularité de rendre la Guinée célèbrement ridicule sur la scène internationale par ses bouffonneries avec des sorties violentes et pathétiques.
Avec le « Dadis Show », la Guinée, respectée pour son vote historique du 28 septembre 1958, était devenue désormais la risée du monde particulièrement des voisins de la sous région.
Au fil des mois de l’exercice d’un pouvoir aveugle despotique, le Capitaine Moussa Dadis Camara, se croyait désormais promu à un destin national, encouragé qu’il était par ses suppôts dont le démagogue Colonel Moussa Keita inventeur du slogan « Dadis ou la mort » et d’autres opportunistes civils et militaires du CNDD et du gouvernement.
Ainsi, le Président auto proclamé se voyait désormais en Messie National sans lequel la Guinée ne saurait emprunter le chemin de la démocratie et du développement socio-économique. Croyant dur comme fer à son destin national à la tête de cette pauvre Guinée, le Capitaine et ses collaborateurs conçurent un plan machiavéliques de conservation du pouvoir politique en Guinée dont l’exécution a conduit, malheureusement, aux événements tragiques du 28 septembre 2009
Comme l’ancien Chef de la junte, tous ceux-là devraient être identifiés et traduits devant le tribunal qui juge les crimes engendrés par le désir de conservation à tout prix d’un pouvoir conquis par la force.
D’autant que l’objectif politique à termes assigné à ce funeste plan était de liquider les dirigeants des principales formations politiques qui s’opposaient et faisaient obstacle à la réalisation du dessein politique que nourrissait le bouillant Capitaine, et pour qui désormais tout devrait être mis en œuvre, pour son maintien à vie au pouvoir. Et cela quelque soit le prix à payer.
Cette ascension pour être effective nécessitait surtout, à défaut d’obtenir leur accompagnement, leur collaboration, le muselement ou la liquidation pure et simple de la classe politique qu’étaient le RPG, l’UFDG, l’UFR, l’UOG de feu Jean Marie Doré une des grandes voix de l’opposition républicaine d’alors…etc
La fin justifiant les moyens rien n’était de trop pour étancher la soif de pouvoir du Capitaine et de ses complices qui étaient grisés par les délices du pouvoir exorbitant qu’ils exerçaient désormais pleinement et totalement.
C’est dans ce contexte politique de va t’en guerre qu’a été initié, préparé et perpétré les événements tragiques de septembre 2009 en question .
Malgré les13 longues années passées depuis et en dépit du négationnisme enfourché par le Capitaine Dadis et ses co-accusés, il ne fait l’ombre d’aucun doute que c’est bel et bien cette équipe et nulle autre qui est pleinement et totalement responsable des crimes, viols et autres, exactions perpétrés sur les militants des parti politiques d’opposition ayant répondu à l’appel de leurs dirigeants et de nombreux autres citoyens les jours suivants.
Les leaders politiques, eux, n’ont eu la vie sauve que grâce à l’intervention divine.
- [ ] Au regard de ces éléments factuels on est ulcéré, outré, révolté de relever que les barons d’hier n’ont guère eu la hauteur, la dignité et le courage d’assumer leur crimes ou leurs forfaitures
- [ ] Il faut avouer que le ridicule ne tue pas. Comment imaginer ou admettre que, sous le règne du virulent et violent despote dont était devenu le Capitaine Moussa Dadis, quelqu’un d’autre – fut-il le Général Sekouba Konaté – ai pu oser envoyer des militaires au stade sans son accord. L’ancien Président du CNDD ne joue-t-il pas à la diversion en voulant pointer du doigt la responsabilité de l’ancien ministre de la défense ( en campagne du Capitaine Moussa Dadis Camara en forêt au moment des faits ) et le Président Alpha Condé [ l’un des organisateurs du meeting et l’une des grandes victimes de la répression meurtrière de ses éléments armés) dans ces crimes ?
Tout porte à croire que tout ce qui se faisait et s’est fait étaient commandité et décider par lui et rien que par lui.
Du reste à qui profitait ces massacres, ces viols et exactions ?
Qui avait intérêt à intimider, à faire taire ou à faire soumettre les leaders politiques à ses ambitions personnelles ?
Qui, au comité exécutif du CNDD ou dans son gouvernement, parlait de sa candidature à la présidentielle ?
Le Capitaine Moussa Dadis Camara aura probablement raison de se sentir trahi, poussé à la faute avec l’encouragement des collaborateurs malhonnêtes et opportunistes et proches analphabètes, mais il devrait assumer le fait d’avoir changé de langage, caricaturé son discours de prise du pouvoir dans la nuit du 22 au 23 décembre 2008 fortement applaudit par des attitudes incohérentes, bélliqueuses et inutiles en écoutant les thuriféraires de tous les temps et de tous les régimes.
L’organisation de ce procès a aussi mis à nu les carences et les faiblesses du régime du CNDD surtout du chef de la junte.
En effet, les explications pathétiques, désordonnées dont se livre le Capitaine Moussa Dadis Camara à la barre ternissent davantage son image, jetent le discrédit sur lui et son gouvernement. Il aura montré à la face du monde qu’il n’était point un homme d’état digne de succéder au Général Lansana Conté, de présider aux destinées de la Guinée, mais plutôt un nain politique, un usurpateur profiteur n’ayant aucune conscience des responsabilités qui lui incombaient en tant chef d’état. Une honte pour la Guinée et le Guinéen.
Le capitaine Moussa Dadis surfe sur le sentiment éthnique, se victimise et tente subitement de rallier à sa cause les militants de l’UFDG et du PUP à l’adresse desquelles formations politiques il fait croire à des chimères de la manipulation politique pure et dangereuse.
Par ailleurs, son mensonge grossier voulant faire croire qu’il redoutait d’arrêter le Commandant Aboubacar Sidiki Diakité Toumba sous prétexte que son ancien Aide de Camp était puissamment armé, denote un manque total de sérieux chez lui et de mépris pour la justice et l’opinion.
Comment en effet imaginer que l’armée Guinéenne toute entière soit incapable d’arrêter un seul élément ?
Cet homme est un danger pour la République. Toutes les parties se doivent d’être conscientes et se remémorer sans cesse de ses agissements lorsque lui et les siens détenaient toutes les reines du pouvoir absolu en Guinée.
Le règne de Dadis et du CNDD a été une catastrophe pour la Guinée et le peuple de Guinée dont on mettra du temps à se remettre.
les conséquences qui vont au delà de son règne éphémère sont profondes et durables
À partir de là, il est ahurissant de constater, que dans ce procès organisé pour accéder à la vérité des et situer les responsabilités, que le principal responsable des crimes et beaucoup de ces co-accusés, ne manifestent aucune amertume malgré la gravité des faits qui leur sont reprochés. Au grand dam du peuple de Guinée, la grande victime, et de l’opinion nationale et internationale la grande victime, ils continuent scandaleusement à se vêtir de beaux rôles, se réfugier dans le nihilisme déconcertant, et le tout drapés dans les plus beaux habits comme s’ils venaient à une fête sans aucune pieuse pensée pour les victimes enterrées et vivantes.
Ces comportements, les propos hilares avancés et autres cirques dont-ils s’adonnent depuis le début du procès sont une insulte à la mémoire des victimes et attestent de leur inconscience et surtout de leur manque d’humanité.
Le capitaine Moussa se croit encore au pouvoir, offre un spectacle pathétique marqué hélas de violences verbales dont il se complaît honteusement depuis longtemps, durant son dramatique règne de 11 mois qui l’a rendu tristement célèbre. Ce faisant, il continue de se couvrir de ridicules ainsi que la Guinée toute entière.
Pendant le déroulement de ce procès les accusés usent et abusent d’armes favorites qui ont pour nom : le négationnismes et mutisme pour nier et réfuter leurs responsabilités dans la commission de ces événements odieux
Cette stratégie qui a cours rend improbable la manifestation de la vérité attendue et souhaitée par les victimes et par toute la Guinée.
Cependant en dépit de ces agissements, le procès est en tout état de cause une victoire politique et un triomphe du droit, et marquera un réel début dans la lutte contre l’impunité dans un pays où la justice a souvent été aux ordres.
Le verdict, certes, ne permettra jamais de réparer les dommages physiques, corporels et moraux des victimes et encore moins de ressusciter les morts, mais tout devrait être fait pour rétablir la vérité afin que les responsables et coupables soient condamnés à la mesure de leurs forfaitures.
Espérons que dans cette trajectoire sinusoïdale le procès du 28 septembre démarré en 2022 constituera un jalon important, un point d’inflexion majeur dans l’histoire de ce pays
Puisse alors que le Président du Tribunal, Tounkara et son équipe, malgré leurs handicap (âge et expérience) ambitionnent et arrivent à rentrer dans l’histoire de la Guinée par la grande porte.
Djigui Camara, ancien Ministre de la Coopération Internationale
Last modified: 16 janvier 2023