A lors qu’elles parviennent tant bien que mal à se remettre du traumatisme né des crimes perpétrés, quelques semaines plus-tôt, par des militaires lourdement armés, au Stade du 28 Septembre de Conakry, les populations de la capitale retiennent leurs souffles. À Kaloum, c’est le sauve qui peut. La débandade.
Le général Sékouba Konaté, numéro 3 du CNDD, ministre de la défense, au moment des faits, est contraint d’écourter son séjour dans la capitale du Pays du Cèdre, Beyrouth, pour rallier Conakry, en catastrophe. Au lendemain de l’attaque contre Dadis, évacué au Maroc pour des soins, le » Tigre », nom de guerre de l’enfant de Kaloum, débarque dans la capitale guinéenne.
Quelques jours plus-tard, le général Konaté se rend au chevet du célèbre malade, le leader du CNDD, capitaine Moussa Dadis Camara, alité dans une chambre individuelle à l’ Hôpital Militaire de Rabat.
Que se passe-t-il, alors, entre les deux têtes d’affiche du CNDD ?
Tout de suite après les salutations d’usage, le capitaine Dadis, écoutant peu et plus volubile que jamais, engage se lance dans un long discours. Déconnecté de la rélaité, l’homme du 23 décembre parle de la pluie et du beau temps à son ministre de la défense.
» À notre grande surprise, le président Moussa Dadis propose au général Konaté de rentrer à Conakry, avec lui, à bord d’un bateau », se souvient un témoin oculaire.
Et la même source d’ajouter: » apparemment surpris de voir le ministre de la défense, Dadis parlait de tout et de rien. Avant de finir son monologue, il dit au général Konaté qu’il tient à rester 14 ans au pouvoir. » Des propos inattendus qui font tomber l’assistance des nues.
Dadis hors service… Qui pour le remplacer aux commandes de la Guinée exsangue ?
Après avoir constaté l’état second dans lequel le leader du CNDD est plongé, Rabat, Paris et Washington décident de se pencher sur l’après Dadis. Avec le soutien de la CEDEAO, la France, les USA et le Maroc jettent leur dévolu sur le ministre de la défense et personnalité majeure de la junte, le général Sékouba Konaté. Au nom de la Communauté Internationale, Les émissaires de ces capitales proposent à » El Tigre » de prendre le relais pour une durée de trois ans.
Ne portant aucun intérêt au pouvoir, le général Sékouba Konaté refuse le projet et décline, en beauté, l’offre. Dans la foulée, il propose aux émissaires des occidentaux de confier les rênes du pays à l’ancien premier ministre, Kabinè Komara, au feu général Mamadouba Toto Camara, ou à Papa Koly Kourouma.
Sachant pertinemment que personne d’autre ne pourrait succéder à Moussa Dadis Camara en dehors du général Konaté, les représentants de la Communauté Internationale passent par feu Kélétigui Faro, ancien membre influent du CNDD, et ancien homme de confiance du ministre de la défense d’alors pour trouver le successeur de Dadis en la personne du général Konaté, dit » El Tigre ». Les chancelleries occidentales ne s’arrêtent pas là.
Au bout de quelques jours d’intenses entretiens en privée, entre Konaté et feu Kèlètigui Faro, ce dernier parvient à convaincre le natif de Kissidougou de prendre les commandes du pays afin d’éviter une guerre civile aux populations déjà martyrisées par les régimes qui se sont succédés au sommet de l’ exécutif. C’est le feu vert du Tigre qui donnera lieu, plus-tard, aux faleux accords de Ouaga, en janvier 2010 entre le facilitateur dans la crise guinéenne, l’ancien maître du Faso, Blaise Compaoré, le capitaine Dadis Camara et son ministre de la défense, le général Sékouba Konaté.
À suivre !
Mamadou Saliou Diallo
Source: nouvelledeguinee
Last modified: 21 janvier 2023