En séjour dans la préfecture de Beyla ce jeudi 26 janvier 2023, le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, à l’image de toutes les préfectures et régions administratives traversées, a eu des échanges avec les représentants de l’Etat, la société civile, les magistrats et les citoyens de la préfecture. Comme dans toutes les préfectures visitées, celle de Beyla est confrontée à l’arrêt ou à l’abandon des projets des infrastructures ou le non respect du cahier des charge des contrats.
À peine entré dans la salle, l’ex Maire de Beyla à qui il a été demandé plus tard de faire une reddition de comptes s’est frayé un chemin pour se volatiliser dans la nature, sans laisser de traces.
Sur le chantier qui va abriter le nouveau Palais de Justice, les travaux sont à l’arrêt depuis 6 mois et le bâtiment qui pousse ne respecte pas le cahier des charges déterminé dans le contrat. Les ouvriers trouvés sur place ont repris le travail ces dernières heures.
Le constat révèle qu’en complicité avec l’entreprise en charge de l’exécution de ces travaux a modifié frauduleusement le plan initial de ce bâtiment.
« Ce qui est regrettable, l’entreprise a violé ses obligations en envoyant d’autres sous-traitants. Nous, on a engagé des poursuites judiciaires depuis longtemps et le dossier est pendant devant la CRIEF. Il ne s’agit pas de dénoncer et dire que ça ne va pas, il faut prendre des mesures correctives. Parmi les mesures correctives, on a procédé au recrutement des bureaux d’études qui sont chargés de veiller à l’exécution des travaux », a souligné Alphonse Charles Wright, avant d’ordonner les travailleurs d’arrêter les travaux.
À la prison civile, la pièce construite pour servir de magasin est utilisée pour abriter le bureau du régisseur et les denrées est transformée dans l’une des pièces de la cellule de la prison, à la merci des rongeurs en grand nombre et la pièce se trouve dans un état sale. Outré de la situation trouvée sur place, le Garde des Sceaux a instruit le nouveau régisseur qui a pris fonction, il y a une semaine de faire sortir ses effets dedans et de libérer le magasin tout en rejoignant son bureau.
Thierno Sadou Diallo, médecin légiste, chef de division santé alimentation et cadre de vie à la direction de l’administration pénitentiaire explique le constat réalisé sur place.
« Sur les lieux, Il y a un forage, il y a l’installation mais, on a pas trouvé la cuve. On a pas trouvé d’explication, le forage est en panne d’une pièce de 1.200.000 francs guinéens. Si on pompe ici, il y aura la disposition de l’eau, sinon si c’est pompé là-bas il y aura la disponibilité de l’eau ici. Mais très malheureusement, c’est derrière la forêt qu’on puise de l’eau…L’autre aspect dans cette prison, c’est le stock tampon [ qui doit avoir une capacité de 3 semaines nldr ]. Quand on prend l’huile rouge, c’est fini dans le magasin, la patte d’arachide qui contient la vitamine B6 qui est indispensable, c’est fini aussi. Ce qui reste ne peut même pas suffire pour faire un repas », a-t-il indiqué.
Avant de repartir de la prison civile, Alphonse Charles Wright a pris des mesures contre l’ex régisseur : « Dites au régisseur qui était là (le nommé Salifou Camara) et muté à Dalaba qu’il n’est plus régisseur là-bas, il est suspendu, il ne peut plus être là-bas et de se mettre à la disposition de la Gendarmerie la plus proche de là-bas. Il est poursuivi pour vol. Ça fait mal, tu prives les détenus de l’eau et il dit qu’il va être régisseur à Dalaba, il faut protéger les détenus de Dalaba, un homme dangereux comme ça, tu vas l’emmener là-bas »
Suite à toutes ces irrégularités révélées, le représentant de l’entreprise dans cette prison civile a fait savoir qu’il remonte à chaque fois les manquements à sa patronne.
Mamadou Yaya Barry depuis Beyla
Last modified: 27 janvier 2023