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Conakry: les personnes à mobilité réduite chassées du carrefour et l’hôpital Donka, la mosquée Faycal…

18 avril 2023

Les handicapés vivant au carrefour Donka, sous le pont, devant la mosquée Fayçal et à l’hôpital Donka, ont été déguerpis par les agents des forces de sécurité, les abris qui leur servaient de logement brûlés, leurs effets calcinés et même leurs alimentations seraient  emportées.
Notre média, parti sur les lieux ce lundi 17 avril pour constater les faits, a malgré tout, trouvé ces handicapés assis sur les lieux en train de se lamenter sur leur sort.
Selon eux, les agents qui sont venus les déguerpir les ont brutalisés et dépouillés de tous leurs biens. C’est le cas de Adama Finando Bangoura, une handicapée qui serait âgée de 45 ans qui dit avoir perdu une somme de 8 millions de fg.
« Depuis hier, ils sont (les policiers) venus ici, ils ont lancé des gaz lacrymogènes sur nous. Depuis des années nous sommes là dans cette souffrance, nous sommes même allés voir le colonel Mamadi Doumbouya pour notre situation, mais aucune suite. Toujours dans la souffrance, et nous voilà aujourd’hui déguerpis de nos lieux d’habitation, nous n’avons pas choisi d’être handicapés mais c’est Dieu qui l’a voulu ainsi. Qu’ils comprennent ça aussi.
Qu’ils nous trouvent un endroit où nous installer. Imaginez, nous passons sous le soleil à mendier et un beau matin ils sont venus nous dépouiller de tous nos biens. Moi j’ai perdu huit millions de francs guineens (8 000 000fg) et ils ont incendié nos objets de valeur comme habits et nos stocks d’aliments qu’on avait ici pour le reste du Ramadan », a-t-elle expliqué.
Pour sa part, Kandet Abasse Doumbouya, aveugle, dira qu’il est venu du village pour chercher de quoi nourrir sa famille. Et aujourd’hui il dit avoir tout perdu et compte sur la compassion des bonnes volontés afin de trouver un abri et de quoi manger. « Je suis venu de Benna Moussaya, j’ai toute ma famille là-bas. Ma femme aussi est handicapée, j’ai 3 enfants. Avant, j’étais un enseignant ,j’ai ai enseigné pendant 9 ans les cours d’anglais avant que je ne devienne aveugle. Au village là-bas  j’ai tout fait pour trouver où travailler je n’ai pas eu. C’est pourquoi j’ai laissé ma famille et ma femme handicapée au village pour venir chercher de quoi vivre ici. Aujourd’hui tout ce que j’ai eu comme dons,le riz et même mon sac qui était accroché sur moi ,il y avait de l’argent dedans, les bons habits, je connais pas ce que mon jeune frère avait comme argent ,mais moi j’avais une somme d’un million deux cent francs guinéens (1.200.000fg), les policiers ont tout pris avec nous. Ils ont brûlé nos habits qu’ils n’ont pas trouvé utiles, nos effets. Nous souffrons ici ,même quand les gens viennent pour nous partager des vivres, ils ont un réseau, ils prennent des gens par affinités parfois des non handicapés.  Et ce que nous trouvons sur la route ici,ils viennent nous retirer cela. Donc qu’ils aient pitié de nous.Comme ils ont brûlé ici,les autorités n’ont qu’à nous aider à trouver un domicile et de quoi manger », a-t-il déclaré.
Comme le dit un dicton, le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Mariama Camara, une des femmes balayeuses devant la mosquée Faycal, se réjouit de cet acte. Elle dit que ce sont ces personnes qui salissent la capitale. Et que la mendicité est devenue un business à Conakry. « Nous qui travaillons à Faycal ,nous sommes contents du déguerpissement des handicapés. Parce qu’ils laissent des déchets que nous nettoyons( urines et autres). Nous ne sommes pas payés pour ça ,nous travaillons pour Dieu. Mais même si nous n’avons rien, nous ne voulons plus de saleté devant la mosquée Faycal et à l’hôpital Donka. Ici c’est la capitale, les gens doivent circuler librement pour éviter les accidents de circulation.  On ne veut plus voir ces handicapés ici. Et je vais vous dire ce qui se passe,c’est des jeunes filles qui ne veulent pas se marier qui quittent ici pour aller chercher  les handicapés au village ou parfois dans d’autres pays.C’est un réseau, s’ils ont 250 mille, le handicapé a 125.000fg, celui qui l’a emmené a 125.000fg. Si c’est  100 dollars, c’est le même partage. C’est pourquoi quand ils viennent ici,ils n’ont pas où aller ,ils prennent les emprises des routes. Ils n’ont qu’à aller ailleurs, mais à Faycal ici non. On veut la propriété pour notre capitale. Les bienfaiteurs peuvent aller dans les quartiers pour leur faire des dons. Donc ils n’ont qu’à rester dans les quartiers. Trop c’est trop », a-t-elle lancé.
À souligner que ces personnes à mobilité réduite ont une cité de solidarité construite à côté de l’hôpital Jean-Paul 2 situé dans la commune de Ratoma. Mais selon les handicapés que nous abons eu à interroger sur les lieux du déguerpissement, c’est pas tous les handicapés qui ont accès à cette cité.
Christine Finda Kamano
 
622 716906 

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Last modified: 18 avril 2023

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