Accompagné de 2 membres de l’ancien Secrétaire général du ministère des Mines et de Géologie, l’ancien bâtonnier, Me Mohamed Traoré, était ce mercredi 30 octobre face à la presse afin d’échanger sur ce qu’on peut appeler aujourd’hui l’enlèvement de Saadou Nimaga qui a eu lieu le 17 octobre dernier, à 13 heures alors qu’il était à un rendez-vous au niveau de l’hôtel Kaloum. Nous apprenons que son chauffeur qui a été avec lui a été libéré plus tard par leur ravisseur dans un endroit où il a eu du mal à se retrouver. Il a fallu qu’il demande aux riverains pour qu’il se retrouve.
Selon les explications données par son avocat, « il a été abordé par des individus qui l’ont contraint à montrer dans son propre véhicule avec son chauffeur. Depuis ce jour, malheureusement, on n’a aucune nouvelle de lui. Sa famille est sans nouvelle de lui et cela fait aujourd’hui 13 jours exactement. Dès le lendemain, c’est-à-dire le vendredi 18, la famille Nimaga a donné l’alerte et le samedi une enquête a été ouverte au niveau de la direction centrale de la police judiciaire à la demande du procureur général ».
Me Mohamed Traoré de poursuivre en ces termes : « Le chauffeur de M. Nimaga et son épouse ont été entendus. Malheureusement, depuis l’audition de ces deux personnes-là, l’enquête semble ne pas évoluer. A un moment donné, nous avons été sollicités par beaucoup d’organes de presse mais on n’a pas voulu répondre parce que sur recommandation du procureur général, on avait décidé de garder le silence pour ne pas gêner les enquêteurs dans leurs investigations. Mais malheureusement, comme je l’ai dit à l’entame de mon propos, ces investigations-là semblent patiner et à ce jour, les enquêteurs ne disposent apparemment d’aucun indice qui permette d’élucider cette affaire-là. Alors, la famille est devant un dilemme. Soit elle se conforme aux recommandations tendant à lui demander de ne pas trop communiquer pour ne pas gêner l’enquête et puisque l’enquête n’évolue pas, il y a un risque que l’affaire tombe dans l’oubli et dans l’indifférence générale. Et dans ce genre de situation, ce qu’il faut éviter justement, c’est que l’affaire tombe dans l’oubli. Alors, c’est pourquoi on a décidé de briser le silence dans le seul espoir qu’en communiquant, il y aura sans doute des gens qui pourraient communiquer des informations à la police afin de l’aider dans son enquête. Il y a le risque de l’oubli qu’il faut éviter, il y a le risque de l’indifférence, mais il y a aussi le risque de la banalisation »
Le conseil de Saadou Nimaga a par ailleurs fait savoir que ces ravisseurs l’ont fait en plein jour et n’ont même pas eu peur des caméras de surveillance de l’hôtel et de la Banque centrale. « Monsieur Nimaga a disparu, comme on le sait, dans des conditions vraiment rocambolesques. En plein jour, dans un réceptif hôtelier, on l’a dit, les ravisseurs n’ont même pas eu peur d’être identifiés à travers les caméras de surveillance qui sont au niveau de l’hôtel, mais aussi en face, parce que vous avez en face, il y a juste la banque centrale de la République de Guinée. Je pense que cette grande institution doit avoir sûrement des caméras de surveillance aussi. Mais les gens qui l’ont enlevé, lui et son chauffeur, ne se sont même pas posé la question de savoir est-ce qu’ils seront filmés ou pas. Ce qui peut supposer qu’ils étaient forts de quelque chose. Donc, on les a conduits à une destination inconnue. Je l’ai dit, le samedi, son chauffeur a été entendu. En début de semaine, lundi ou mardi, son épouse a également été entendue. Ils ont porté à la connaissance de la police les informations dont ils disposaient ».
Plus loin, Me Mohamed Traoré d’évoquer la situation affreuse du chauffeur de Saadou Nimaga. « Je rappelle que son chauffeur a été enlevé en même temps que lui, sauf que par la suite, lui a été libéré dans les environs de 20 heures, 21 heures. Et s’il n’est pas là aujourd’hui, c’est parce que c’est un homme qui est traumatisé, c’est un homme qui a peur. Et même ceux qui sont à côté de moi ici peuvent avoir raison d’avoir peur, parce que la famille ne se sent plus en sécurité. La famille ne se sent pas en sécurité. Et ce que nous souhaitons aujourd’hui, c’est que cette affaire ne soit pas banalisée. Et nous avons un appel à lancer à l’endroit de l’État. Comme on le sait, dans toute société organisée, l’une des fonctions régaliennes de l’État, c’est d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Nous ne sommes pas, par exemple, dans la société américaine où il y a un des amendements qui permet aux citoyens de porter une arme, bien que ce soit un pays où il y a un effort de sécurité très efficace ».
À en croire Me Traoré, il est important que les citoyens fassent preuve de solidarité et de vigilance par rapport à ces cas d’enlèvement en Guinée qui sont devenus monnaie courante. « Le phénomène de l’enlèvement commence à se généraliser. Je voulais dire que ce soit vous les journalistes, que ce soit nous les avocats, personne n’est à l’abri. Chacun peut être enlevé à tout moment. Donc, il est important que nous, citoyens, nous fassions preuve non seulement de vigilance, mais de solidarité entre nous. Si vous êtes dans un quartier, vous voyez des mouvements suspects, vous savez, ce n’est pas de la délation, mais vous pouvez contribuer à informer la police. Par exemple, Monsieur Nimaga, il a un véhicule, un véhicule qui a une plaque d’immatriculation. Si vous constatez, par exemple, que le véhicule dont on a indiqué la plaque se trouve quelque part, vous vous dites oui, ça c’est le véhicule de Nimaga dont on a signalé la disparition et vous informez le service de sécurité ou bien alors un membre de la famille ou l’avocat que je suis. En tout cas, nous comptons sur les uns et les autres, afin surtout vous, la presse, d’abord pour pouvoir relayer les sentiments de la famille Nimaga, les inquiétudes de la famille Nimaga, le désespoir de plus en plus marqué qu’éprouve cette famille ».
Mamadou Yaya Barry
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Last modified: 30 octobre 2024