L’insécurité refait surface dans la ville de Labé. Quatre jours après l’assassinat d’un conducteur de taxi-motoa dans le quartier Poreko, un des imams du quartier Daka 1 a été tué dans la nuit du mardi 11 octobre, après avoir dirigé la prière de 19H40, lors d’un braquage qui se déroulait dans la boutique de son fils.
Transporté d’urgence à l’hôpital, Elhadj Oumar Zawiya Diallo a succombé à ses blessures. Une situation qui a plongé depuis la ville de Labé en ébullition. Des manifestations spontanées sont actuellement en cours et particulièrement dans le quartier de la victime.
Parti prendre du lait dans la boutique de son fils, située à quelques mètres de la grande mosquée de Daka 1, la victime a croisé six individus à bord de deux motos venus faire un braquage et ont ouvert le feu sur lui en le blessant mortellement. Larmes aux yeux, un des fils de la victime est revu sur les faits.
« C’est hier aux environs de 20 heures qu’on m’a appelé en me disant que des cambrioleurs armés étaient venus à la boutique de mon jeune frère, mon père qui revenait de la mosquée, était de passage pour prendre du lait pour ramener à la maison, c’est ainsi que les bandits ont ouvert le feu sur lui. De là-bas, mon père a été transporté à l’hôpital régional de Labé, les médecins ont essayé de faire une prise en charge mais malheureusement, vous savez la suite » a expliqué en pleurs Dr Mamadou Siradio Diallo.
Rencontré à la morgue de l’hôpital régional de Labé ce mercredi matin, le procureur près le tribunal de première instance de Labé, tout en condamnant le crime, a confié que toutes les dispositions ont été prises pour retrouver les auteurs du crime.
« C’est vraiment triste ce que nous vivons. Mais, sachez que la réponse de la justice ne tardera pas. Des instructions fermes ont été données aux autorités chargées des investigations afin que ces délinquants soit retrouvés et le plus vite, pour qu’ils répondent de leur fait devant la justice. Et sachez que le ministère publique que je représente rendra toutes les réquisitions qu’il faut afin que ces gens écopent de sanctions les plus maximales », a promis Abdoulaye Israël Kpoghomou.
Prenant acte des propos du procureur du TPI de Labé, Mamadou Siradio Diallo, demande néanmoins à ce que cette promesse ne soit pas des paroles en l’air.
« Nous, nous voulons que ces auteurs soient identifiés, qu’ils soient jugés et condamnés à la hauteur de leur forfaiture. Les propos du procureur me réjouissent et j’espère qu’il tiendra promesse », a ajouté le médecin Dr Mamadou Siradio Diallo.
Très remonté par cet assassinat, les jeunes de Daka 1 et de certaines écoles sont entrain de battre le pavé à travers le centre-ville de Labé. S’exprimant sous le sceau de l’anonymat, un manifestant dit ne pas avoir confiance aux autorités judiciaires d’où la raison de leurs manifestations.
« C’est lui qui a dirigé la prière de 19H40. A mon retour à la maison, j’ai entendu le premier tir. Ainsi, une dizaine de tirs a été entendu par la suite. Donc, l’imam a été grièvement touché à a sa jambe droite, il a perdu beaucoup de sang. Par la suite, nous avons commencé à manifester mais, les services de sécurité après plusieurs heures du drame sont venus nous disperser. L’imam était déjà envoyé à l’hôpital, finalement il est décédé. Ce matin, sa dépouille a été envoyée à zawiya, la manifestation a repris. Quand on tue un imam de cette manière, c’est frustrant surtout devant son fils. On ne peut avoir confiance à la justice, puisque à chaque fois, ils disent ouvrir une enquête mais, c’est sans résultats escomptés. C’est pourquoi, nous sommes pessimistes », soutient le manifestant.
De son côté, tout en reconnaissant l’insécurité dans la ville, le maire de la commune urbaine de Labé demande aux manifestants de laisser les services de sécurité faire leur travail.
« Moi-même, je sortais de la mosquée de Tata, j’ai entendu les coups de feu. Aussitôt, j’ai été informé que l’imam a reçu une balle, très malheureusement il a rendu l’âme. Cela prouve une fois encore qu’on est pas en sécurité. Ces citoyens qui manifestent n’ont qu’à savoir que c’est tout Labé qui est sous le choc. Il faudrait qu’ils permettent aux services compétents de mener les enquêtes puisque s’ils continuent de barricader, les services de sécurité ne pourrons pas mener les enquêtes. Donc, de maintenir le calme, l’enquête a été déjà ouverte », demande Mamadou Aliou Lally Diallo.
Présentement, les manifestations se poursuivent à travers la ville. Les activités économiques sont presque paralysées, des agents de maintien d’ordre sont en train de disperser les grognards par des tirs à gaz lacrymogène.
A noter que la victime a laissé derrière lui 11 enfants et deux veuves. Son enterrement a eu lieu le mardi 12 octobre aux environs de 17 heures, à Zawiya, dans son village natal.
Tidiane Diallo, correspondant régional à Labé
620 44 25 83
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Last modified: 13 octobre 2022