Hier, dans la somptueuse salle de l’organisation, à Abuja, au Nigeria, s’est tenue la 65ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Les augustes membres de cette grande instance ont salué avec une ferveur quasi religieuse les avancées spectaculaires de la Guinée (voir fac-similé). Oui, vous avez bien entendu ! Parmi ces merveilles, figure la tenue prévue d’un référendum constitutionnel en 2024. Applaudissements ! On nous assure que les interactions entre la Commission de la CEDEAO et les autorités de la transition guinéennes sont en cours et particulièrement fructueuses. Félicitations encore une fois, ce n’est pas tous les jours qu’on voit de telles effusions d’amour politique.
L’organisation sous régionale a même encensé la Guinée pour son attachement indéfectible à la communauté. Un attachement qui, soyons honnêtes, ressemble plus à un mariage de convenance qu’à une histoire d’amour passionnée. La Conférence, toujours pleine de bonnes intentions, demande à la Commission d’envoyer une mission technique pour renforcer cette collaboration prometteuse. C’est comme envoyer une équipe de pompiers pour vérifier que tout va bien alors que la maison brûle.
Ensuite, la Conférence a exhorté les autorités de la transition à donner la priorité à un dialogue inter-guinéen inclusif. On dirait une scène de film où tout le monde parle en même temps mais personne n’écoute. Oui, un dialogue inclusif ! Impliquant tous les acteurs politiques, même ceux qui sont, disons, un peu oubliés au fond de la salle.
Les patrons de l’institution voient des progrès là où d’autres voient une stagnation. Ce soutien à peine voilé à la junte guinéenne est presque touchant. Peut-être que la CEDEAO craint que la Guinée ne suive les traces du Mali, du Burkina et du Niger dans leur grande aventure de la dissidence. Il ne faut surtout pas froisser les putschistes, n’est-ce pas ?
Le clou du spectacle est sans doute la déclaration du porte-parole du gouvernement guinéen. À ceux qui s’inquiètent de la durée de la transition, Ousmane Gaoual a répondu avec une philosophie digne des plus grands sages : ‘‘La transition n’a pas de durée fixe inscrite dans le marbre, elle ne durera pas 5 ou 6 jours.’’ C’est rassurant de savoir que la transition est aussi flexible qu’un morceau de chewing-gum sous le soleil d’Abuja.
En somme, avec l’attitude de la CEDEAO, la fin de la transition en Guinée n’est pas pour demain. Mais qui sait ? Peut-être verrons-nous un jour ces fameux progrès que celle-là semble voir si clairement. En attendant, continuons d’applaudir et de chercher cette fameuse aiguille dans une botte de foin.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com
Last modified: 8 juillet 2024